Le jury de la 4e édition du Prix Caritas Photo Sociale a désigné Anaïs Oudart lauréate pour sa série “Héroïnes 17”
L’édition 2023 du Prix Caritas Photo Sociale a récompensé le travail de trois photographes, sélectionné·es par un jury de professionnel·les de l’image et du champ social, cette année présidé par la photographe Claudine Doury : Anaïs Oudart, lauréate, avec sa série “Héroïnes 17”, les finalistes Sarah Leduc, pour sa série “Ailleurs ici” et Mat Jacob pour “Thierry et la violence du monde”. La mairie du 10e arrondissement les accueille pour une exposition en 2024, du 17 janvier au 2 mars.
Héroïnes 17 d’Anaïs Oudart – Lauréate
Aujourd’hui en France, 40% des SDF de moins de 25 ans viennent de l’Aide Sociale à l’Enfance.
Anaïs Oudart a rencontré et photographié des jeunes femmes entre 18 et 25 ans ayant connu enfant ou adolescente une situation de rupture familiale. Sa série témoigne de leurs difficultés à l’âge adulte à se construire seules, sans parents ni famille. Nombreuses ont connu ou connaissent une situation de précarité de logement, certaines ont un parcours d’errance, d’autres ont eu recours à la prostitution comme moyen de s’en sortir. Toutes continuent d’avancer malgré le manque de soutien, de repères et de logement. Alors que pour certaines les difficultés perdurent, d’autres réussissent à se stabiliser et s’engagent naturellement vers la protection de l’enfance.
Cette série hommage témoigne d’enfances chaotiques et précaires. Elle présente des portraits et des paroles de femmes dans leur parcours de réinsertion, qui doivent se battre plus fort que les autres pour essayer d’arriver au même niveau.
Anaïs Oudart vit et travaille à Paris. Ses projets photographiques explorent sous différentes formes la fragilité des rapports humains. Son travail de portraitiste engagée cherche à la fois à dénoncer les violences, mais aussi à rendre hommage à des parcours de vie résilients.
Ailleurs ici de Sarah Leduc – Finaliste
Sarah Leduc pour sa série Ailleurs ici ,un travail sur l’attente des personnes en demande d’asile dans un village d’Occitanie.
Ils viennent de Somalie, du Mali, de Côte d’Ivoire, d’Algérie, de Turquie, d’Iran ou d’Albanie. Ils ont tout laissé pour trouver refuge en France où ils demandent l’asile.
Une cinquantaine de personnes sont hébergées dans le Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) de Lagrasse, en Occitanie. Les résidents vivent dans l’ennui et la lenteur du
quotidien. Ni chez eux, ni arrivés, ils sont dans l’impossibilité de se projeter, leur avenir étant suspendu à une décision administrative qui peut mettre des années à arriver. Au cœur du village, le Cada est un petit bout d’ailleurs. Un territoire où le temps se dilate et l’espace se rétracte, où les jours sont faits d’ennui et les nuits de nostalgie. Une tour de Babel où chacun tait son drame mais où tous partagent une même attente ambiguë, teintée de crainte et d’espoir.
Née en 1981 à Paris, Sarah Leduc est journaliste et photographe indépendante. Diplômée en anthropologie à l’EHESS puis formée au journalisme international à Londres, elle a travaillé pendant plus de 12 ans comme reporter multimédia. Particulièrement intéressée par les questions de droits de l’Homme et phénomènes migratoires, elle aime écouter ceux que l’on n’entend pas et regarder ceux que l’on ne voit pas, au pas de sa porte ou à l’autre bout du monde.
Thierry et la violence du monde de Mat Jacob
Thierry est sans-domicile-fixe. Depuis 25 ans, il sillonne la France, sa maison sur le dos, après qu’il ait rompu tout lien avec sa famille, son travail et les institutions.
Mat Jacob raconte sa démarche : “J’ai croisé [le chemin de Thierry] en pleine pandémie, triste temps où les relations se durcissent et bien plus pour ceux qui sont à la marge. L’isolement sonne encore plus fort. […] J’ai hébergé Thierry quelques temps, un lien s’est tissé.
Nous avions convenu que je prendrai la route à ses côtés, je témoignerai de ce qu’est la vie à la rue, dans ce monde-là, en ces temps-là. Il m’a donné son accord, puis peu après, il a disparu. Il a choisi un autre chemin. Je suis parti à sa recherche dans le Doubs et à Besançon, dernier endroit où il avait été aperçu. La recherche de Thierry s’est transformée en enquête. Une quête… dans le milieu des sans-abris, de ceux qui ont pour domicile les rues des villes. […]”.
Mat Jacob est co-fondateur en 1991 du collectif Tendance Floue. Son langage et sa pluridisciplinarité sont le fruit de multiples voyages, d’un besoin viscéral de questionner le monde et de rapporter le réel. Depuis plus de quarante ans, il parcourt le monde et nous transmet un regard photographique documentaire et humaniste.
Le Prix Caritas Photo Sociale
Le Prix Caritas Photo Sociale a été créé en 2020 pour soutenir et valoriser le travail d’un·e photographe qui permet aux citoyen·nes de mieux comprendre la réalité vécue par des personnes fragiles ou en précarité en France.
Le Prix Caritas Photo Sociale est accompagné depuis sa création par le collectif Fetart, acteur majeur de la photographie européenne. La création et la mise en œuvre du Prix est un geste fort pour le collectif, tant dans le soutien à la création contemporaine et aux photographes, qu’à la visibilité des réalités et problématiques sociales au cœur des actions du Réseau Caritas.
[Source : communiqué de presse]
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